Au printemps dernier, dans les Alpes du sud (Hautes-Alpes), l’exploitation d’une porcherie industrielle de 1072 porcs aux portes du Parc National des Ecrins était déclarée illégale par le tribunal administratif de Marseille. Devant la menace que représente ce type de projet sur l’environnement, notre association, aux côtés de collectifs de riverains, avait demandé l’annulation du permis de construire et de l’enregistrement de l’exploitation : la justice nous a donné raison.
En cette fin d’année, plutôt que de demander l’arrêt de l’exploitation, la préfecture sous la pression des lobbies agricoles (chambre d’agriculture, syndicats agricoles productivites, élus…) tente un passage en force en demandant une simple régularisation de la situation de l’éleveur, niant nos alertes et arguments.
Nous devons nous opposer à cette nouvelle tentative et nous avons besoin de vous. Une consultation du public est ouverte pour recueillir l’avis de tous.
POUR AGIR AVEC NOUS MAINTENANT :
1/ Lisez et signez la pétition : ici
2/ Participez à la consultation du public : en consultant ce petit guide
L’exploitation menace directement de pollution la nappe alluviale du Drac, ressource en eau potable majeure pour le département et alimentant plusieurs dizaines de milliers d’habitants. L’installation utilise une méthode d’élevage intensif insoutenable sur bien des points, elle est responsable partout en France de la mort des sols, de la déstructuration du monde paysan, d’une souffrance animale insupportable et d’une déforestation massive en Amérique du Sud via l’importation d’aliments.

Bref descriptif
Sur le mode d’élevage intensif breton, l’exploitation engraisse plus de 1000 porcs simultanément et produit 2810 porcs charcutier, 2500 mètres cube de lisier qui doivent être traitées par épandage annuellement. Les animaux sont élevés sur caillebotis, c’est à dire sur des grilles, hors du sol. Ils ne sortent de leur bâtiment que pour abattage à l’âge de 4 mois.
Pourquoi se battre contre cette installation et pas une autre
La suspension de cette exploitation est une priorité pour nous :
– nous combattons ce projet depuis presque vingt ans, à plusieurs reprises la justesse et la légitimité de notre position se sont vues appuyées par des décisions de justice. L’installation n’a pu voir le jour qu’à la faveur d’un assouplissement réglementaire récent mis en place par le gouvernement sous couvert d’une simplification des procédures administratives concernant les installations d’élevage ICPE.
– c’est l’une des plus importantes porcheries du département ;
– elle menace directement une ressource en eau essentielle pour les populations ;
– contrairement à d’autres établissements d’élevage qui font le choix d’une production locale de qualité, le projet du GAEC des Villettes s’insère volontairement dans un process de production industrielle de viande porcine. Les bâtiments ont été conçus par un cabinet d’architecture breton, les techniciens et experts qui ont organisé la production et le traitement des lisiers sont également implantés en Bretagne.

Risques sur l’eau
L’exploitation menace de pollution la nappe alluviale du Drac, source d’eau potable exceptionnelle alimentant plusieurs dizaines de milliers d’habitants du Champsaur et du bassin de Gap. Cette nappe est une des plus importante du département des Hautes-Alpes en qualité et représente un bien commun inestimable, toute pollution par les nitrates de la nappe serait un désastre environnemental et sanitaire irréversible.
Plusieurs milliers de mètres cubes de lisiers vont être traités par épandage sur les cultures et prairies de la vallée. Chargés en nitrate ces amendements vont diffuser dans les eaux souterraines et polluer même à faibles doses rivières, sources et nappes.
Très solubles dans l’eau, les nitrates constituent aujourd’hui la cause majeure de pollution des grands réservoirs d’eau souterraine. L’essentiel de cette pollution est dû à la différence entre les apports en nitrates sous forme d’engrais et ce qui est réellement consommé par les plantes. En France, plus de deux milles captages d’eau ont été fermés pour ces raisons.
Les conditions d’épandage sont particulières en zone de montagne et sont soumises à des contraintes fortes, non prises en compte jusque là : pendant près de cinq mois de l’année, les processus de dégradation des effluents sont bloqués (pas de croissance des plantes en hiver), ce qui limite la période d’épandage à 7 ou 8 mois. Les périodes d’épandages sont très courtes, principalement fin de printemps et automne pour ne pas polluer les production végétales. Il y a donc une pression très grande à devoir épandre l’immense stock de lisier avant l’hiver. Les fosses à lisier sont dimensionnées pour un stockage maximal de 7-8 mois. La tentation est donc grande de surdoser les amendements de lisier pour les écouler au plus vite, ou encore de les épandre à des moments défavorables à leur bonne assimilation par les cultures. Ceci augmente les risques d’excès de nitrate dans les sols, ou de lessivage de celui-ci par les pluies.
A ce jour, aucune étude d’impact n’a été réalisée pour mesurer ces risques, l’Etat et ses services se contentant de donner des consignes dans un plan d’épandage, sans aucun contrôle. Vu la sensibilité de la zone liée aux enjeux d’approvisionnement en eau potable, nous considérons qu’il est urgent, pour des raisons de préservation de la ressource, de programmer la mise en place d’une étude d’impact conséquente.
Le dossier déposé en Préfecture fait référence à des « expertises ». Mais celles-ci ne sont pas explicitées par des études géologiques et pédologiques démontrant l’absence de risque de pollution des aquifères souterrains et superficiels.
Mort des sols et déséquilibre agronomique de la vallée
De même, l’excès et la concentration de nitrate d’azote, phosphore, antibiotiques métaux lourds tuent les sols et les rend impropres à la production d’une nourriture saine pour les animaux ou les êtres humains. La production d’une telle quantité de lisier n’est pas compatible avec la relative fragilité agronomique de la vallée.
Par ailleurs, le choix de la technique d’élevage sur caillebotis produit du lisier dont la seule technique d’élimination est l’épandage. Au contraire, l’élevage sur « paillis » (c’est à dire sur de la paille) produit du fumier qui peut être méthanisé (ce qui est très difficile avec du lisier). Le Champsaur compte un nombre important d’élevages porcins, il est fort probable qu’une unité de méthanisation valorisation des produits secondaires de toutes les porcheries puisse atteindre un seuil de rentabilité économique .
Cette réflexion n’a jamais été menée par les instances professionnelles concernées. C’est d’autant plus regrettable qu’elle offrirait une réponse positive aux problématiques d’évacuation des déchets de cette agriculture industrielle.

Souffrance animale
La concentration des animaux dans des bâtiments de plus en plus grands implique des conditions d’enfermement incompatibles avec le bien-être des animaux. Tout est bon pour réduire les coûts et augmenter la productivité par heure de travail, par mètre carré de bâtiment, par kilogramme d’aliment.
Les porcs sont maltraités, en état de stress permanent, considérés comme des objets, ils n’ont pas même 1 m² de surface au sol pour survivre.
La technique d’élevage retenue sur caillebotis génère un inconfort physique et thermique manifeste pour les animaux. Ils ne peuvent ni courir, ni fouir, ne connaissent ni l’herbe, ni l’air libre. Ils sont battus et abattus sans ménagement, à 4 mois, apogée de leur enfer. Le choix d’un élevage sur paillis aurait sans aucun doute pu améliorer les conditions d’élevage des animaux. Nous nous étonnons d’ailleurs que cette technique n’ait pas été choisie par l’éleveur qui l’utilisait dans un autre établissement qu’il exploitait précédemment.
Déforestation – OGM – Glyphosate
Malgré les efforts notables des éleveurs des Hautes-Alpes, l’alimentation des porcs reste basée en grande partie sur du soja importé. Développer ce type d’élevage implique toutes les conséquences environnementales liées à la culture de cette légumineuse en Amérique du Sud.
La France importe annuellement 4,8 millions de tonnes de soja dont un tiers est destiné à la filière porcine. Ce qui correspond à 1,5 millions d’hectares de culture dont la majeure partie se situe au Brésil, celles-ci sont responsables du défrichement massif de la forêt primaire amazonienne. Ajoutons que ces cultures, majoritairement OGM, s’effectuent sous épandages de glyphosate (le Brésil à lui tout seul en consommant 173000 tonnes par an) et que les normes de résidus de glyphosates admissibles au Brésil comparée à celles de l’UE sont 200 fois plus élevées pour le soja.
Ce produit se retrouve donc dans la soupe donnée aux cochons puis dans nos assiettes.
PLAIDONS ET AGISSONS POUR CHANGER DE MODÈLE
Nous sommes déterminés à plaider pour que l’agriculture redevienne paysanne et s’affranchisse des dogmes de l’agro-industrie. Ce système, basé sur la consommation d’intrants, de machines et d’installations coûteuses, est devenu non rentable et la filière porcine est aujourd’hui menacée.
Nous sommes conscients des difficultés que rencontre le monde paysan dont ses membres sont victimes de la nécessité de produire plus et plus vite. Les premiers responsables : autorités, Etat, lobbys de l’agro-industrie doivent dès maintenant prendre leurs responsabilités ; pour engager l’agriculture et l’élevage vers un avenir durable et faire émerger un élevage de qualité et à taille humaine. Il est urgent d’agir à tous les niveaux.
NOS ACTIONS :
– sensibiliser le grand public aux problèmes de l’agriculture intensive ;
– plaider dans les instances départementales et auprès des décideurs pour une agriculture responsable et respectueuse de l’environnement ;
– agir en justice pour faire respecter la loi lorsque notre santé et notre environnement sont en danger.
Pour agir avec nous contre cette exploitation industrielle, répondez à la consultation du publique grâce à un guide pas à pas en cliquant ici.
Vous trouverez le dossier complet concernant la porcherie de Chabottes sur le site de la Préfecture en cliquant ce lien : ici